La santé mentale est devenue un enjeu prioritaire pour les commissions d’accidents du travail (CAT) partout au Canada. Si les blessures physiques ont longtemps dominé les préoccupations, les troubles psychologiques liés au travail — comme le stress, l’anxiété, la dépression ou le trouble de stress post-traumatique (TSPT) — gagnent une reconnaissance croissante. Entre 2012 et 2022, la part des demandes avec arrêt de travail dues à des troubles mentaux a plus que doublé, mettant en lumière un changement majeur dans la manière dont les systèmes provinciaux et territoriaux abordent la santé mentale au travail.
Prévention : Un engagement structurel contre les risques psychosociaux
Les provinces et territoires ont renforcé leurs lois pour mieux prévenir les blessures psychologiques. Parmi les exemples marquants :
- Législation sur la présomption de TSPT : D’abord appliquée aux premiers intervenants, elle s’étend désormais à tous les travailleurs dans des provinces comme le Manitoba et la Saskatchewan.
- Normes contre l’intimidation et le harcèlement : La Colombie-Britannique impose depuis 2013 des politiques d’entreprise claires sur ces enjeux, appuyées par WorkSafeBC.
- Trousse de prévention et programmes éducatifs : Des ressources comme celles de SAFE Work Manitoba aident les employeurs à créer des milieux de travail psychologiquement sûrs.
- Intervention en cas d’incident critique : Des équipes spécialisées interviennent rapidement après des événements traumatisants pour prévenir le développement du TSPT.
Traitement : Vers une approche plus humaine et personnalisée
Les CAT reconnaissent désormais les troubles psychologiques comme des blessures indemnisables au même titre que les blessures physiques. Cela inclut :
- Accès rapide à des soins spécialisés : Des équipes multidisciplinaires (psychologues, ergothérapeutes, etc.) fournissent un accompagnement ciblé.
- Initiatives régionales novatrices : En Nouvelle-Écosse, de nouveaux fournisseurs et une équipe spécialisée ont été engagés pour anticiper une hausse des demandes liées au stress chronique.
- Soutien culturellement adapté : Le Québec collabore avec des professionnels de la santé mentale offrant des soins linguistiquement et culturellement appropriés.
- Réduction de la stigmatisation : Des guides pratiques, comme celui de l’Île-du-Prince-Édouard, encouragent les employeurs à parler ouvertement de santé mentale et à soutenir leurs employés.
Rétablissement : Soutenir un retour au travail durable et compatissant
Le retour au travail (RAT) est vu comme une composante clé du rétablissement :
- Plans personnalisés : Ils tiennent compte de l’état psychologique du travailleur et proposent des aménagements graduels (réduction d’heures, tâches modifiées, environnement apaisant).
- Rôle central des navigateurs et gestionnaires spécialisés : Ces intervenants assurent un accompagnement continu, sensible aux traumatismes, tout au long du processus de RAT.
- Environnements bienveillants : L’importance d’éviter les jugements et de maintenir la confidentialité est soulignée pour favoriser la confiance et la réussite du retour au travail.
Meilleures pratiques pancanadiennes : Un modèle de collaboration
À travers le pays, des initiatives inspirantes émergent :
- L’adoption du modèle de service sensible aux traumatismes (Nouvelle-Écosse), des politiques inclusives de TSPT (Manitoba, Saskatchewan), ou encore la normalisation des premiers secours psychologiques après un incident (Colombie-Britannique, Ontario).
- L’élargissement des réseaux de soins de santé mentale pour assurer un accès rapide à la thérapie, parfois même avant l’approbation officielle de la demande.
- La souplesse accrue dans les modalités de retour au travail, avec des programmes échelonnés et du mentorat par les pairs.
Conclusion : Une évolution prometteuse pour la santé psychologique au travail
Le système canadien d’indemnisation évolue vers un modèle inclusif, proactif et compatissant, où la santé mentale est traitée avec autant de sérieux que la santé physique. En investissant dans la prévention, le traitement rapide et un soutien solide au retour au travail, les commissions, employeurs et partenaires de soins contribuent à bâtir une culture de sécurité psychologique forte et des lieux de travail où chacun peut s’épanouir.
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