La saison des feux de forêt de 2025 s’est révélée être l’une des plus destructrices jamais enregistrées au Canada, posant de sérieux enjeux pour la santé et la sécurité des travailleurs ainsi que pour les systèmes provinciaux d’indemnisation des accidents du travail (CAT). Face à l’ampleur inédite de cette catastrophe, les impacts humains, économiques et réglementaires se font déjà sentir dans toutes les juridictions.
Une crise climatique aux répercussions nationales
Au début juin 2025, le pays comptait plus de 1 750 incendies ayant ravagé 2,6 millions d’hectares, forçant l’évacuation de plus de 32 000 personnes. Des panaches de fumée ont envahi les grandes villes canadiennes, affectant la qualité de l’air jusqu’aux États-Unis et à l’Europe. Plusieurs provinces, du Manitoba au Québec, ont déclaré l’état d’urgence. Cette crise dépasse la gestion des incendies : elle met à rude épreuve les systèmes de protection des travailleurs.
Risques accrus pour la santé et la sécurité des travailleurs
Les feux de forêt présentent une multitude de dangers :
- Pompiers et premiers intervenants : blessures traumatiques, inhalation de fumée, coups de chaleur, stress post-traumatique.
- Travailleurs extérieurs : exposition à la fumée dense et toxique, troubles respiratoires, aggravation de maladies chroniques.
- Conditions climatiques extrêmes : les vagues de chaleur jumelées à la fumée augmentent significativement les risques de santé.
- Sécurité mentale : la détresse émotionnelle liée à la catastrophe affecte de nombreux travailleurs, même en dehors de la première ligne.
Hausse significative des réclamations d’indemnisation
Le volume des réclamations déposées auprès des CAT a connu une forte augmentation, incluant :
- Maladies respiratoires liées à la fumée.
- Épuisement par la chaleur ou coups de chaleur.
- Blessures traumatiques (ex. : chutes, brûlures, accidents de véhicules).
- Troubles de santé mentale, notamment le TSPT.
Les commissions s’attendent aussi à une vague future de réclamations pour maladies professionnelles à long terme, notamment chez les pompiers et travailleurs extérieurs.
Réponses des employeurs et commissions
Face à l'urgence :
- Employeurs : Des mesures préventives ont été renforcées, incluant la distribution de masques N95, la modification des horaires, l’évacuation préventive des chantiers, et des protocoles de surveillance de la qualité de l’air.
- Commissions des accidents du travail : Des lignes d'information dédiées, des accélérations de traitement de réclamations, et une plus grande reconnaissance des atteintes psychologiques ont été mises en place.
- Réformes en discussion : Définition de normes claires pour l’exposition à la fumée, élargissement des couvertures (ex. : pompiers volontaires, travailleurs vulnérables), et discussions sur des mécanismes de soutien au revenu lors d’arrêts préventifs.
Coordination et leçons à long terme
L’Accord interjuridictionnel (AIJ) entre CAT a permis une gestion harmonieuse des réclamations, même lorsque les pompiers ou travailleurs franchissent les frontières provinciales. Mais la saison 2025 pose aussi des défis systémiques, notamment :
- Financement soutenable des systèmes d’indemnisation face aux catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes.
- Reconnaissance des causes professionnelles dans un contexte de pollution généralisée.
- Renforcement de la prévention, allant au-delà du lieu de travail traditionnel, vers une approche sociétale d’adaptation aux changements climatiques.
En conclusion
La saison des feux de forêt de 2025 marque un tournant pour le Canada. Elle a révélé la résilience — mais aussi les limites — de nos systèmes d’indemnisation face aux catastrophes naturelles. À l’avenir, une action concertée entre gouvernements, employeurs, CAT et intervenants sera cruciale pour garantir la protection équitable, rapide et complète des travailleurs canadiens.
Télécharger le rapport final