Introduction
Les troubles de stress post-traumatique (TSPT) représentent près de la moitié de toutes les réclamations pour maladie mentale ayant entraîné des absences rémunérées (lost‑time claims) au Canada. Le présent rapport examine les tendances de 2012 à 2022, identifie les défis spécifiques dans différents secteurs d’emploi et propose une approche structurée pour l’avenir.
1. Contours des réclamations pour maladie mentale (2012–2022)
Entre 2012 et 2022, 2 867 482 réclamations pour absence rémunérée ont été acceptées au Canada, la majorité étant initiées par des travailleurs masculins. Toutefois, en 2022, les femmes représentaient 50 % et plus de ces réclamations, sur un total de 348 747 dossiers.
La proportion de réclamations liées à la santé mentale a doublé, passant de 1,0 % à 2,1 % des réclamations totales ; parmi celles-ci, les réclamations pour TSPT constituent la part la plus importante : elles ont augmenté de 1 207 cas (50 %) en 2012 à 3 291 cas (45 %) en 2022 .
2. Profils démographiques les plus touchés
- Hommes : les 45–54 ans représentent le groupe le plus affecté (536 réclamations, soit 16,5 %).
- Femmes : les 25–34 ans sont les plus touchées (418 réclamations, ~13 %). Les travailleurs de 15–24 ans et de 65 ans et plus sont sous-représentés, probablement en raison d’une faible participation au marché du travail .
3. Professions les plus vulnérables
En 2022, environ 80 % des réclamations pour TSPT concernaient :
- Enseignement, services sociaux, communautaires et administratifs : 39 %
- Secteur de la santé (infirmières, médecins…) : 23,9 %
- Métiers spécialisés, transport et opérateurs d’équipement : 15,9 % .
4. Principaux défis
- Exposition répétée aux événements traumatiques : Les professionnels tels que les premiers répondants, travailleurs de la santé et enseignants sont particulièrement à risque .
- Culture organisationnelle toxique : L’intimidation, le harcèlement et un environnement de travail malsain peuvent déclencher ou aggraver un TSPT « indirect » ou cumulative .
- Retour au travail difficile : La gravité des symptômes, les comorbidités, la stigmatisation et la méconnaissance des besoins des travailleurs freinent la réintégration durable .
5. Mesures en place et stratégie pour un avenir meilleur
A. Législation et reconnaissance
- L’adoption du Federal Framework on PTSD Act en 2018, suivi de la publication du cadre fédéral en février 2020, a renforcé la reconnaissance officielle du TSPT et l’obligation d’améliorer le suivi des coûts sociaux et économiques associés .
- Plusieurs provinces (C.-B., Alberta, Manitoba, Saskatchewan, Î.-P.-É.) ont élargi la présomption de la nature professionnelle du TSPT, éliminant souvent le besoin de prouver le lien causal .
B. Prévention
- Adoption de normes nationales comme la CSA Z‑1003 pour prévenir les risques psychosociaux.
- Déploiement de programmes d’intervention rapide, notamment au moment des incidents critiques, dans les provinces comme la C.-B. et l’Alberta .
- Formation accrue pour sensibiliser les lieux de travail à la sécurité psychologique .
C. Accès aux soins
- Équipes spécialisées en santé mentale dans plusieurs commissions (Colombie-Britannique, Alberta, Ontario).
- Modèles de soins adaptés aux traumatismes (p. ex. TPI en Alberta), incluant psychologues, ergothérapeutes et autres professionnels .
- Réseaux de traitement élargis (p. ex. Homewood Health en Nouvelle-Écosse, CNESST au Québec) offrant appui financier et psychologique avant même la résolution complète des réclamations .
D. Retour au travail
- Plans de réintégration personnalisés : réduction progressive du temps de travail, adaptation des tâches, espaces calmes, etc. .
- Rôles de « navigateur » pour accompagner les travailleurs et les employeurs, comme en Nouvelle-Écosse.
- Maintien du lien avec le milieu de travail durant l’absence : essentiel pour prévenir l'isolement et favoriser la guérison psychologique .
E. Collaboration et diffusion des meilleures pratiques
- Partage d’initiatives et coordination nationale pour standardiser les approches.
- Intégration de la recherche dans les politiques (subventions du CIHR, initiatives de l’Institut canadien pour la recherche en sécurité publique, études longitudinales sur la GRC, etc.) .
- Financement fédéral (Budget 2021) de 50 M $ pour soutenir les travailleurs essentiels et la recherche post-pandémie .
Conclusion
Le nombre de réclamations pour TSPT liées au travail a crû de façon marquée au Canada depuis 2012, affectant principalement les travailleurs en première ligne, du domaine de la santé, de l’éducation et autres professions exposées à des événements traumatiques ou à des environnements de travail toxiques. Le système canadien de santé et sécurité au travail répond par une combinaison de mesures législatives, de prévention proactive, de soins spécialisés et de mécanismes de retour au travail adaptés. Le défi des années à venir consiste à maintenir et enrichir cette approche holistique, en s’appuyant sur les données probantes pour offrir un soutien crédible, continu et efficace aux travailleurs vulnérables.
👉 Télécharge le rapport de l'ACATC sur Les troubles de stress post-traumatique (TSPT)
👉 Téléchargez le Cadre fédéral sur les troubles de stress post-traumatique (TSPT) : Rapport au Parlement 2025

