Au Canada, une personne travailleuse moyenne consacre environ un cinquième de sa vie au travail — une période qui, trop souvent, comporte une exposition à des dangers augmentant le risque de cancer. Devant cette réalité flagrante, la Société canadienne du cancer (SCC) est intervenue avec un investissement stratégique et opportun pour s’attaquer aux cancers liés au milieu de travail.

Cette année, dans le cadre de son initiative de subventions pour la recherche sur le cancer en milieu de travail, la SCC a accordé près de 800 000 $ à quatre projets de recherche novateurs visant à cerner, prévenir et réduire les cas de cancer professionnel.

Addressing a critical gap

Combler une lacune essentielle

Bien qu’on estime que 10 000 travailleurs au Canada reçoivent chaque année un diagnostic de cancer lié au travail, moins de 1 % de l’ensemble des fonds de recherche sur le cancer sont consacrés aux expositions professionnelles. En réponse, la SCC a délibérément harmonisé son programme de subventions avec les principaux intervenants du monde du travail, notamment des syndicats et plusieurs commissions des accidents du travail, afin de garantir que la recherche soit pertinente, applicable et ancrée dans des contextes professionnels concrets.

Les quatre projets financés – où l’innovation répond à l’urgence

Personnel de la santé et exposition aux médicaments anticancéreux
Dirigée par le Dr Hugh Davies (Université de la Colombie-Britannique), cette étude développera de nouveaux outils de biosurveillance pour mesurer l’exposition du personnel de santé aux médicaments antinéoplasiques — des substances destinées aux patients, mais susceptibles d’affecter aussi les travailleurs.

Dépistage du cancer du poumon chez les ouvriers du bâtiment exposés à l’amiante
Sous la direction du Dr Nathan DeBono (Santé Ontario), ce projet cible les travailleurs de la rénovation et de la réparation de bâtiments exposés à l’amiante — en analysant le taux de participation au dépistage et les résultats de santé pour renforcer la prévention.

Mise à jour du fardeau du cancer du poumon professionnel
Sous la direction du Dr Paul Demers, cette recherche actualise des données dépassées (la dernière estimation liait 4 000 cas de cancer du poumon par an à des expositions professionnelles) et prévoit les cas et les coûts à venir en 2026, selon la substance et le secteur.

Taux de cancer de la peau chez les travailleurs en plein air
Les travailleurs à l’extérieur présentent un risque triple de cancer de la peau par rapport à ceux travaillant à l’intérieur, mais le suivi reste faible. L’équipe de la Dre Cheryl Peters analysera les dossiers médicaux pour quantifier l’incidence, la récurrence et les coûts — et orienter les stratégies de prévention.

Pourquoi c’est important — et pourquoi ce financement est essentiel

Les milieux de travail exposent à des cancérogènes connus — comme l’amiante, les gaz d’échappement de moteurs diesel, les rayonnements UV solaires et les horaires de travail atypiques.

Comprendre comment et pourquoi ces cancers surviennent est la première étape vers la prévention, l’amélioration du dépistage et l’évolution des politiques. La SCC insiste : « Ces subventions nous aideront à comprendre comment et pourquoi ces cancers se développent, afin que nous puissions intensifier nos efforts pour mieux les prévenir, les détecter et les traiter — pour sauver des vies et protéger les travailleurs au Canada. »

En s’associant aux commissions des accidents du travail et aux syndicats, la SCC veille à ce que la recherche ne reste pas théorique — elle s’inscrit directement dans la réalité des milieux de travail et oriente les politiques de santé et sécurité.

Rôle des commissions des accidents du travail et synergie de financement

La réussite de ces subventions découle de la collaboration entre la SCC et les acteurs de l’indemnisation. Grâce au Fonds de recherche sur le cancer en milieu de travail, créé en 2021, la SCC a mobilisé 14 commissions et organismes syndicaux pour financer cette sphère négligée de la recherche. Parmi les partenaires annoncés figurent WorkSafeBC, la CSPAAT (Ontario), WorkSafe Saskatchewan et la CAT du Yukon.

Cette synergie permet de traduire plus rapidement les résultats de la recherche en mesures concrètes sur les lieux de travail, en ajustements de politiques d’indemnisation et en normes sectorielles.

Prochaines étapes — et incidence sur la santé au travail

À mesure que ces projets progressent, on peut s’attendre à des preuves plus claires sur les risques d’exposition, à des cadres de dépistage plus efficaces pour les groupes de travailleurs vulnérables et à de meilleures données sur le fardeau économique des cancers professionnels — autant d’éléments qui soutiennent le plaidoyer et la réforme réglementaire.

Les employeurs et les professionnels en santé et sécurité au travail peuvent s’attendre à des lignes directrices fondées sur des données probantes : meilleure biosurveillance dans les milieux de soins, protocoles renforcés de dépistage du cancer du poumon dans la construction, et stratégies ciblées de protection solaire pour les travailleurs en plein air.

La recherche sur les cancers professionnels étant jusqu’ici très limitée, l’ampleur de cet investissement marque un tournant — il témoigne d’une reconnaissance accrue de la santé des travailleurs et de la prévention du cancer dans les priorités de recherche et de financement.

Conclusion

En résumé, ce nouveau cycle de financement de la SCC — grâce à une collaboration stratégique avec les partenaires de l’indemnisation et du monde syndical — ouvre la voie à des avancées concrètes dans la compréhension et la prévention des cancers d’origine professionnelle. En mettant en lumière des risques souvent négligés mais mortels, et en ancrant la recherche dans la réalité du travail, nous passons de la sensibilisation à l’action. Le cancer lié au travail n’est pas une fatalité — et grâce à un financement ciblé, des milieux de travail plus sûrs et des résultats plus sains sont à notre portée.


Les chiffres ci-dessous représentent la valeur en dollars de l’investissement :


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